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Photo du rédacteurNiels Brouzes

L'art de savoir courir. Un pari ?

Dans le monde du cyclisme, la stratégie de course joue un rôle aussi important que la condition physique des coureurs. Si l’on prend l’exemple de Tadej Pogačar, il est important de rappeler qu’il a une multitude de cartouches dans son révolver. Donc, un mauvais exemple à prendre. Mais pour un cycliste avec un nombre limité de cartouches, il faut être beaucoup plus malin. 


1. Être dans le match dès le départ

Partir en première ligne est un choix stratégique essentiel. Il s’agit de se positionner favorablement dès le départ. Être bien placé permet de ne pas subir le stress de remonter tout le peloton dès les premiers kilomètres. Cela économise de l’énergie précieuse lors des 1er effort et permet de prendre la température du peloton.


2. Prendre les vagues

Être capable de "surfer" à l’avant du peloton sans trop se fatiguer est un art. L’objectif est de rester à l’avant sans gaspiller d’énergie inutilement, tout en évitant de faire l'élastique avec les coups de frein et les accélérations brutales qui se produisent souvent en queue de peloton. Si votre plan est de prendre l’échappée, cette position vous donne une chance de détecter les bons mouvements et de réagir au bon moment.


3. Le placement intelligent

Dans une course, il ne s’agit pas d’être constamment aux avant-postes, mais de savoir où et quand être présent. Les moments clés, comme l’approche d’une ascension, un changement de direction avec un vent latéral dans une zone propice aux bordures, sont les instants où il faut absolument être bien placé. Cela nécessite une bonne lecture du terrain, une analyse préalable du parcours, et une anticipation des moments critiques.


4. Mettre la main à la poche 

La gestion de l’alimentation en course est souvent sous-estimée, mais elle est essentielle. Avoir une stratégie alimentaire bien rodée, acquise lors des entraînements, permet de maintenir une énergie constante. Savoir quand et quoi manger est un véritable atout pour éviter les baisses de régime qui peuvent ruiner une stratégie de course. Mettre régulièrement la main à la poche pour s’alimenter est donc un geste stratégique.


5. L'action "Rattagaz"

Courir en rattagaz est une stratégie qui consiste à en faire le moins possible tout en restant en course pour le final. Bien que cette approche soit souvent mal perçue, elle peut s’avérer efficace. Le cycliste qui maîtrise cette technique sait économiser ses forces pour les moments cruciaux. Cependant, il faut être mentalement fort pour supporter la pression et résister à l’envie de réagir à chaque mouvement.


6. La cartouche décisive

Quand vient le moment de placer une attaque, elle doit être parfaitement planifiée. Pas question de gaspiller une précieuse cartouche en attaquant sans préparation. Une bonne attaque doit être tranchante, calculée, et survenir au moment où les autres coureurs sont les plus vulnérables. Si la condition n’est pas optimale, il vaut parfois mieux rester dans le peloton et attendre une meilleure opportunité.


7. La stratégie du dossard

Si vous avez des doutes sur votre capacité à lire la course, adoptez la "stratégie du dossard". Choisissez trois coureurs en forme et ne les lâchez pas d’une semelle. Cela peut sembler déroutant pour eux, mais pour vous, c’est une manière de rester dans le jeu et de bénéficier de leur lecture de la course.


Il est important de se rappeler que l’instinct joue souvent un rôle majeur dans une course. Personnellement, j’ai toujours pris le temps d’analyser les parcours pour éviter les pièges. Mais au-delà de l’analyse, j’ai souvent couru à l’instinct, en fonction de ma forme du moment. Lors de mon titre de champion de France espoirs, j’avais décidé de ne pas bouger avant les trois derniers tours. Avec Yannick, mon coéquipier, nous avons attendu le bon moment à un peu plus de deux tours de l’arrivée pour attaquer et revenir sur la bonne échappée. Nous avions même conclu un accord : il devait attaquer dans la dernière bosse à 5 km de l’arrivée, et s’il ne parvenait pas à sortir, il roulerait pour moi jusqu’à la ligne. C’était un pari qui a fonctionné cette fois-là, puisque je m’impose devant un Jérôme Pineau très en forme, qui avait opté pour une stratégie plus usante. Dès les 500 premiers mètres de course, il était déjà aux avant-postes. Dans le final, il restait encore très fort, mais avec moins d’énergie que moi. Bingo !

En compétition, rien n’est jamais totalement prévisible. Chaque course est un pari où l’analyse, la préparation, et l’instinct se mêlent pour donner la meilleure chance de succès. Bonne chance dans vos futures compétitions !


Niels

Fondateur de l'application d'entraînement Sorius

Disponible sur App Store et Google Play

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